Ce projet de restauration est situé en plein cœur de la Presqu’île lyonnaise et donne sur la Place des Jacobins. Cet édifice remarquable est contemporain des grands projets urbains du XIXème siècle sous Napoléon III, notamment le percement des Rue Impériale (rue de la République) et Rue de l’Impératrice (rue Psdt Edouard Herriot) entre 1854 et 1859. Il figure sur le « Plan des améliorations réalisées ou projetés dans le centre-ville de Lyon » de Gustave Bonnet et datant de 1863. Immeuble de « style monumental », dit maison Mouchon, il est l’œuvre conjointe de l’architecte Benoît Mouchon pour les plans et a été réalisé en 1863 sur les dessins de Jean-Etienne Fréderic Giniez.

Le tènement est composé de six niveaux compris le rez-de-chaussée ; il apparaît majoritairement constitué de parements en pierre et présente des parties moulurées et sculptées au niveau des encadrements et des linteaux de baies ainsi que sur les parties inférieures des corniches et des bandeaux. Les toitures ont la particularité d’être composées aux angles rue de Brest et rue Herriot par deux « pavillons » constitués de couvertures ardoisées.
Le soubassement (rez-de-chaussée et 1° niveau) est constitué d’un appareillage pierre froide de Villebois massive présentant un bon état de conservation, comme le niveau de l’entresol, qui lui est recouvert de plusieurs couches de peinture. Dans les étages courants toujours revêtus de peinture : les trumeaux à bossage, les encadrements et frontons de baies, les corniches et les bandeaux sont en pierre calcaire communément désignée sous le terme de « pierre du midi » en provenance des carrières de « Saint-Paul-Trois-Châteaux ».
Divers sondages préalables à la mise en œuvre du chantier ont mis en évidence le bon état du support malgré l’aspect délité mais superficiel des anciennes peintures. Les désordres les plus importants ayant été constatés concernent des éléments d’ornementation en pierre qui nécessitent des remplacements (greffes de pierre, empiècements). Une étude a été confiée à l’atelier NUSSLÉ ARCHITECTES afin d’établir un diagnostic patrimonial précis en vue d’une restauration complète du bâtiment.
Une des tâches principales dans la préparation des supports a été le décapage des peintures existantes usuellement composées de silicate de potassium. LICEF a entrepris des essais de décapage mais aussi de nettoyage. Le cahier des charges étant de remettre à nu le support, exempts des anciennes couches peintures et de la pollution urbaine.

La campagne d’essais réalisés avec la collaboration des compagnons de l’entreprise ROCHE ET CIE en charge du projet a permis de mettre en place un protocole pour le retrait des couches de peintures sans altération des supports.
Le décapage a donc été réalisé avec le décapant FELTOR IPE de LICEF. FELTOR IPE est un gel décapant biodégradable et sans rinçage, de pH neutre, sans alcool benzylique, ininflammable et ne comportant aucune substance nocive ou toxique même en très faible quantité.


Par la suite des ragréages nécessaires à base d’un mélange chaux hydraulique naturelle et de poudre de pierre ont été mis en application en harmonie avec la teinte de la pierre d’origine. Une patine à base de chaux naturelle a permis d’harmoniser l’ensemble des supports.




JÉRÔME NUSSLÉ – NUSSLÉ ARCHITECTES
LE MOT DE L’ARCHITECTE
« Le travail que nous avons réalisé sur cette étude a été mené conjointement avec l’Architecte des Bâtiments de France mais aussi avec des collaborateurs externes. Cette démarche a permis de se familiariser avec le langage architectural du « Maître » de l’époque et d’orienter les priorités du projet de restauration.
L’enjeu de ce projet de restauration était de remettre « sur pied » cet édifice qui avait souffert des stigmates du temps. La tâche était d’importance d’une part par l’échelle monumentale du bâtiment et d’autre part par le degré de dégradation. Pour relever ce défi, notre atelier NUSSLÉ ARCHITECTES a réalisé une étude préalable très approfondie en partenariat avec le bureau d’études VARIANCE INGÉNIÉRIE afin d’acquérir une parfaite connaissance du lieu.
D’un point de vue technique la connaissance de la matière et de son état fait partie intégrante du diagnostic, elle permet de statuer la préconisation et de lever l’ensemble des interrogations ; sur les parties inaccessibles des cordistes ont été appelés pour effectuer la campagne de sondage. C’est également par le dessin que nous avons appris à connaître cet édifice ; un travail de précision a été entrepris : chaque élément a été relevé et dessiné – cette phase est aussi un témoin laissé à nos prochaines générations. Pour la phase de réalisation de chantier, la copropriété représentée par son syndic, GAGNEUX SERVICE IMMOBILIER, a choisi de s’entourer des compétences de divers corps d’état. C’est ainsi que l’entreprise ROCHE & CIE a relevé le défi et mise en œuvre ce chantier de restauration, … pour une bonne cure de jouvance ».



